Népal – Step 2 Le camp de base de l’Everest par les 3 cols

La région du khumbu compte un grand nombre de haut sommets dont le plus connu est l’Everest (8 848m) mais aussi d’autres très réputés dans le cercle des alpinistes (alma dablam, Lotze, island peak, Makalu, Cho oyu…)
Nous avions découvert cette zone il y a plusieurs années et les témoignages ne nous avaient pas laissé indifférents. Tous relataient de magnifiques paysages himalayens en haute altitude. Nous étions au départ un peu inquiets des températures allant jusqu’à -30c° en cette saison et de l’altitude assez haute sur tout le parcours. Comme il est très populaire et fréquenté, les sentiers sont néanmoins aménagés et ne presentent aucune difficulté technique.
Lorsque nous avons pensé notre voyage, nous avons orienté beaucoup de choses autour de ce trek. D’abord la saison, car il n’est possible de le faire qu’aux mois de mars/avril et octobre/novembre, ensuite le matériel car il faut être équipé contre le grand froid, enfin le temps, car il faut plusieurs semaines pour le réaliser.
Beaucoup d’options sont possibles, nous avons choisi de rejoindre le camp de base de l’Everest par la variantes des 3cols.
Pour se rendre dans la ville de départ, lukla, le moyen le plus commun est de prendre un petit avion depuis Katmandou, il atterrit sur une piste de 500m, réputée la plus dangereuse au monde. La pente est inclinée à 12° pour aider les avions qui atterissent à freiner et ceux qui décollent de prendre de la vitesse. Le voyage aller retour coûte 300euros par personne, le trajet dure 17minutes.
Depuis quelques années une route est en construction et offre une option plus abordable, il faut compter deux jours de voyage en jeep et environ 80euros par personne pour l’AR.
Sans trop d’hésitation nous choisissons la seconde option et trouvons un contact pour partir dès le lendemain.
Le rendez vous est à 4h du matin proche de notre hôtel. la jeep est à l’heure et récupère plusieurs autres personnes après nous. Après quelques arrêts intempestifs et ouvertures de capot louches, nous entrons dans un garage où nous comprenons qu’il y a un problème avec les freins. Le mécanicien les testent en s’ellançeantà grande vitesse en direction du mur de son garage pour freiner au dernier moment, c’est pas vraiment rassurant. Il conclut de toute manière qu’on ne peut pas partir avec et notre chauffeur s’active pour trouver un autre véhicule. Il est 7h du matin nous n’avons toujours pas quitté la ville. Finalement un nouveau chauffeur, arrive et nous passons encore 1heure à silloner les rues de Katmandou pour récupérer des passagers. Il est 8h lorsque nous nous mettons en chemin.
La journée passe sur les routes qui traversent les villages de plus en plus petits, nous observons la ville qui de dissipe et laisse place aux terrasses de millet et de légumes. En fin d’après midi nous atteignons Salleri d’où nous devrons demain pendre une seconde jeep. Le village est minuscule et il fait froid, nous prennons une chambre dans un logde et passons la soirée avec Stéphane un français qui fait sensiblement le même itinéraire que nous.
Rendez vous à 7h30 pour quitter salleri, tous les clients de l’hotel partent avec la jeep de 6h tandis que nous restons seul à attendre la suivante. Nous attendons 2h avant qu’un véhicule nous récupère et 30minutes de plus de trouver assez de clients pour la remplir. Nous finissons à 10 dans le véhicule 5 places et partons pour 8 longues heures de route dans un chemin cabossé et carrément accidenté par endroits.
Le trajet est éprouvant, nous nous arrêtons plusieurs fois en chemin car des véhicules sont immobilisés. Nous arrivons tout de même à bon port en fin de journée épuisés de ce périple.
Nous prenons une chambre au seul lodge de Paiya et rencontrons une petite foule de personnes. Ceux qui terminent leur trek narrent leur expérience et partagent les bonnes adresses tandis que ceux qui s’apprêtent à le commencer posent mille questions. On se couche tôt, le trek commence demain.
Depuis l’an dernier une loi impose la présence d’un guide pour toute randonnée dans le pays, exceptée dans la vallée du khumbu qui a décidé de ne pas l’appliquer, nous profitons de cette liberté pour voyager sans guide et sans porteurs. Notre cas n’est pas légion car nous croisons quasi exclusivement des groupes accompagnés. Les guides gèrent la logistique dans les lodges et le programme du séjour. En revanche les sentiers sont si évidents qu’ils ne sont pas nécessaires pour se repérer. Les porteurs transportent deux sacs de 15 a 25kg chacun et permettent aux randonneurs de ne porter qu’un petit sac.

Première étape avec robert, hongrois qui randonne seul et doit rejoindre Lukla pour récupérer son sac, envoyé par avion. Nous poussons un peu plus loin jusqu’à phakding où nous retrouvons le groupe d’allemands présents la veille à Paiya.
Les chambres sont sommaires mais propres, la seule source de chaleur provient du poêle au centre de la pièce commune qu’on allume vers 18h et autour duquel tous les voyageurs se pressent et discutent avant d’aller se blottir sous les couvertures.


Jour 2 nous rejoignons Namche Bazaar après une longue montée et plusieurs ponts suspendus assez impressionnants. La vue est encore verte et assez dégagée. Nous croisons beaucoup de porteurs démesurément chargés qui avancent tant bien que mal. La ville regorge de boutiques d’équipements de montagne et de souvenirs, voilà tout ce qu’il faut monter depuis Lukla. C’est la dernière possibilité de s’équiper, après Namche les villages ne comptent que quelques bâtisses pour héberger les randonneurs.
Nous passons deux jours à Namche pour nous acclimater à l’altitude, nous sommes déjà à 3400m et dans quelques jours nous devrons franchir le premier col à 5300m.

Lorsque que nous quittons Namche nous nous bifurquons de l’itinéraire du EBC (Everest base camp) et les sentiers se vident.
Les étapes ne comptent que quelques km mais nous font bien monter en altitude. Nous traversons de longues vallées encaissées entourées de sommets enneigés vertigineux.

Les villages de Thame et Lungden ne comptent que quelques lodges entourés de terrasses, comme d’habitude nous passons la fin de journée autour du poêle à discuter avec les voyageurs. Nous avons remarqué que lorsqu’il y a des agences dans le lodge le poêle chauffe d’autant plus, alors nous sommes ravis de découvrir un groupe de Allibert trekking, agence française assez cotée. Ca ne loupe pas il fait très chaud, et nous profitons de l’ambiance en faisant connaissance.
On rencontre Olivier et Dorothée, un couple de français installés à Miami, ils sont tellement sympas qu’on les suivra presque jusqu’au bout.
Les soirées ne durent jamais trop car les journées commencent tôt, les nuages sont absents le matin alors nous partons peu après l’aube. Aujourd’hui est le jour que je redoute le plus, celui de notre premier col : Renjo la.
Il nécessite une assencion de 1000m de D+ pour nous hisser à 5400m d’altitude.
Je me réveille à 5h mi-excitée mi-inquiète de la journée à venir et découvre un paysage bien différent de la veille. Il a neigé toute la nuit!
Nous mettons toutes nos couches et suivons les traces de pas des groupes les plus matinaux.
Sans surprise c’est difficile, on monte pendant près de 5heures, sur la dernière section un long escalier a été construit et permet de monter le mur de 200m qui mène au col. Le souffle est court et le poid du sac est décuplé par l’altitude, pourtant les porteurs nous doublent sans trop de problème. L’arrivée est magnifique, le paysage est couvert de neige. Nous descendons rapidement en direction de Gokyo à 2h de là.


Entourée de lacs magnifiques le village qui n’a que 15ans offre multitude de balades. Nous y restons deux jours pour profiter des environs. Le lodge est très convivial, autour du poêle nous discutons avec nos voisins. Nous rencontrons un américain qui rejoint le camp de base pour y travailler en tant que médecin pendant deux mois, un autre qui collectionne les assencions de 8000m et prévoit de monter le lotze (voisin de l’Everest).
Nous quittons Gokyo pour avancer vers le camps de base, passons par Dragnag et atteignons bientôt notre second col (Cho la) aussi élevé (5400m) mais bien plus doux à gravir. Nous longeons une rivière gelée avant de traverser un long pierrier et finir par une section très pentue. Il y a même des cordes fixes, mais franchement pas nécessaires s’il n’y a pas de verglas.


Il y a beaucoup de groupes, certaines personnes se sentent mal dû à l’altitude, les porteurs eux aussi montrent des signes de fatigue. Passé le col nous traversons un glacier et descendons jusqu’à Dzongla. Nous sommes à 4700m d’altitude et y passons la nuit.
Le lendemain départ pas trop tôt pour notre étape la plus haute et sûrement la plus fréquentée : Gorak Shep. 5100m d’altitude, le point de chute pour rejoindre le camp de base à quelques km.
Nous commençons à accuser le coup dès le soir. Perte d’appétit, nausée. La zone est tellement inhospitalière qu’il n’y a même pas de source d’eau, des porteurs en ramènent au fil de la journée depuis un point à quelques km. Nous passons une mauvaise nuit et nous réveillons encore plus mal que la veille. Il fait beau et poussons tout de même jusqu’au camp de base. Le sentier monte peu et pourtant je n’arrive quasiment pas à avancer, nous allons jusqu’au point de vue le plus proche avant de rebrousser chemin. C’est très impressionnant de voir le balais des porteurs qui installent le camp pour les alpinistes. On compte environ 500 personnes sur place entre les équipes logistiques et les alpinistes en acclimatation. Nous nous sentons si mal qu’au retour nous plions bagages et prennons la route pour Lobuche 200m plus bas.


Malheureusement ça ne suffit pas à me remettre sur pied, mes jambes ne répondent plus et je me sens incapable de passer le 3eme col (kongma la) qui trône fièrement à 5400m. Nous décidons de le contourner pour rejoindre Pangboche.
Nous avons rejoint l’itinéraire classique du camp de base qui est très fréquenté. On croise un peu tous les profils, beaucoup de groupes.
À Pangboche nous rejoignons un point de vue  à 5000m, la vue est dégagée sur l’Islande peak, nous profitons des derniers instants au cœur des sommets car bientôt nous allons descendre.


Nous rencontrons un québécois qui tente l’assenscion de l’Everest et nous raconte son histoire. Sa motivation, sa détermination nous touche beaucoup et nous le quittons des étoiles plein les yeux.
Je suis toujours dans un piteux état et la descente est un calvaire pendant plusieurs jours. Beaucoup de pauses, un rythme très lent, la fatigue est plus handicapante que prévu et pourtant il faut continuer.
À force de patience et persévérance nous parvenons à rejoindre Paiya où tout a commencer. Nous trouvons rapidement un transport et en 24h nous rejoignons Katmandou sans trop de difficulté.
Nous retrouvons les français rencontrés en chemin pour une soirée d’aurevoir et nous prennons quelques jours de repos.
Il faut un petit temps pour digérer tout ça, c’est énorme en bien des sens. C’est beau d’abord, vertigineux et si différent de ce que nos yeux connaissent.
C’est très dur aussi, de voir ces vies dédiées à la montagne et à l’économie qu’elle génère. Les porteurs, les guides, les lodges, toutes ces vies rudes et éreintantes qui ne laissent pas ou peu de place au confort.
C’est presque transformateur d’atteindre ses limites aussi fort sans s’y attendre.
C’est la montagne, c’est pour ça qu’on l’aime et qu’on y retourne même si on en bave. On pense encore beaucoup à ceux que l’on a croisé, ceux qui relèvent des défis de titans qui semblent inhumains.

Quelques chiffres : 4 jours de jeep, 17 jours de marche, environ 200km, 10 000m de D+, temp. minimale -10c°, altitude max 5 430m.

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